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Évasion d’un détenu au planétarium de Rennes : l’arbre qui cache la forêt

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Publié 19 novembre 2025

Ce vendredi 14 novembre, un détenu de la prison de Rennes a profité d’une sortie culturelle au planétarium pour se « faire la belle ». Selon la presse, il était incarcéré pour des vols que l’on imagine très nombreux ou graves (ou les deux) pour lui valoir une peine aussi rare que la prison. L’homme qui devait sortir en 2027 est désormais dans la nature.

On en sort comme dans un moulin

Premièrement, il semble tellement rare, pour un délinquant, d’entrer en prison qu’en sortir aussi facilement, sans coup ni violence, paraît inquiétant pour la crédibilité du système tout entier. On entre donc très peu en prison, et une fois entré, on peut en sortir simplement en échappant au regard des surveillants.

En effet, sur 270.000 personnes sous main de justice (c’est-à-dire condamnées ou suspectes d’une procédure pénale), seules 75.000 sont en prison. Ces 75.000 sont donc la pointe de l’iceberg de la criminalité. Il s’agit des détenus les plus dangereux, ceux pour lesquels notre Justice – d’habitude très magnanime – n’a pas eu d’autre choix que de les envoyer en prison.

Et sur ces 75.000 détenus, il y a chaque année plus de 700 évasions. Ce qui équivaut à une évasion pour 100 détenus et à 2 évasions par jour !

La prison est-elle le Club Med ?

Mais, le plus choquant, dans cette affaire, est peut-être autre chose : la profusion de sorties et d’activités ludiques pour les détenus.

Nous avons vu le pique-nique de détenus au château de Versailles, la sortie surf à Saint-Malo, la sortie au musée de l’Homme des détenus de Villepinte (au cours de laquelle un détenu dangereux s’était évadé), mais citons encore une évasion lors d’une sortie à la montagne, en juin dernier, ou en plein air, etc. À l’occasion de cette évasion à Rennes, le grand public apprend donc qu’il existe de très nombreuses sorties et activités culturelles pour les détenus. Activités parfois inaccessibles aux Français ordinaires…

Sans parler, ici, des activités à l’intérieur des prisons ! Souvenons-nous de la visite annulée de Gérald Darmanin à la prison de Toulouse-Seysses, lorsque le ministre découvrait que des étudiantes esthéticiennes devaient s’occuper des détenus. Le garde des Sceaux y découvrait, par la même occasion, l’existence de cours de danse country…

Ces activités sont systématiquement présentées comme ayant pour but de « préparer la réinsertion » des détenus. Car en réalité, le système judiciaire français n’est orienté que vers un seul but : la réinsertion des condamnés. Par une empathie immature (à l’égard des délinquants, pas des victimes, naturellement), il n’arrive pas à se résoudre à l’idée que certains criminels et délinquants endurcis doivent passer une longue période derrière les barreaux, voire toute leur vie.

En témoigne, par exemple, le mécanisme de la peine la plus lourde du droit français : la perpétuité incompressible. Même pour cette peine qui concerne les pires criminels, ceux ayant commis des actes d’une particulière gravité (meurtre sur mineur, avec acte de barbarie, homicide terroriste, etc.), la réinsertion reste possible en théorie. En effet, après 30 ans de détention, il est possible de mettre fin à cette peine de « perpétuité réelle » qui n’est donc ni perpétuelle ni réelle.

Pour éviter ces évasions, la gauche va-t-elle proposer de généraliser les prisons sur le modèle de la prison de Mauzac, construite par l’architecte du Club Med sur ordre de Robert Badinter ? Pas sûr que cela fonctionne, puisque certains détenus tentent tout de même de s’en évader…

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